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2 avril 2011 6 02 /04 /avril /2011 00:00

profilok-copie-1Félicitations à tous les participants à la clôture du jour.

Or donc, il est temps de conclure cette saga financière, qui parle de l'argent des pompes funèbres, en posant la question, « les pompes funèbres sont elles trop chères ». Je sais : ça semble un peu redondant. Mais je le répète, des fois que les 70 personnes qui ont cessé la lecture en cours de route reviennent. C'est marrant, ça, quand ''Capital'' Ou ''France Soir'' fait un dossier sur « les croque-morts sont des voleurs », ils gagnent des lecteurs, et quand Croque-Morts Magazine fait un dossier pour dire l'inverse, il en perd. Amer, moi ? Oui, peu être un peu.

Ce qui pêche, je pense, c'est que les pompes funèbres sont un passage obligé, dans une certaine mesure, et qui survient dans un moment pénible.

Ce n'est pas obligatoire du tout. La seule chose obligatoire, c'est un cercueil. Il doit répondre à un certain nombre de normes, notamment l'épaisseur, et disposer d'un certain nombre d'équipements, le bac étanche au fond, par exemple. C'est pour ça qu'il est plus cher qu'un meuble Conforama ou Ikea. Si vous voulez le transporter, il vous faut un véhicule agréé, ca se loue, pas de soucis. Au cimetière, rien ne vous empêche de creuser vous-même la sépulture, renseignez vous sur la législation, c'est tout.

Vous pouvez tout faire vous-même, rien ne vous oblige à passer par une boîte de pompes funèbres.

Certes, à ce prix la, vous n'aurez pas de toilette, d'habillage, pas de convoi, vous ferez vous même la mise en bière, vous devrez passer des jours à lire Dalloz pour être sûr de ne rien oublier, d'avoir tout bien fait.

Vous vous débrouillez seul.

Peut être voulez vous mieux pour la personne que vous aimez ? Peut être voulez vous vous consacrer à votre travail de deuil, pendant qu'un professionnel prend soin de son corps, s'occupe des démarches administratives, effectue une cérémonie digne, crée un véritable lieu du souvenir, prend en compte la psychologie de votre deuil en prêtant une oreille attentive et prodiguant des conseils avisés ? De telles personnes existent. Ils s'appellent des croque-morts.

Ils font tout ça, et plus encore. Ils vont chercher les morts encore chauds sur les lieux des accidents de la route, ils vont chercher les morts grouillants de vers et de pourriture dans les taudis ou la société les a oubliés, ils vont ramasser les morceaux de cadavre de celui qui s'est jeté sous le train. Ils vont mettre en bière des corps infectés par des maladies contagieuses, staphylocoque, exposés parce que le personnel hospitalier, pour qui ils ne sont que des charognards, n'a pas daigné les prévenir de la dangerosité du corps.

Ils vont se mettre en quatre pour faire une belle cérémonie à une famille qui ne daignera pas payer sa facture, ils vont faire les tâches les plus ragoûtantes, les plus salissantes, se confronter chaque jour au pire de ce que la société a a offrir, et lire ensuite dans des revues sur papier glacé des articles écrit par des bobos suréduqués qui les traitent de voleurs. Ils vont faire tout ça, et plus encore, et continuer d'aimer leur métier. Même si, certains jours, ils se demandent franchement pourquoi.

Ce n'est pas un loisir effectué par quelque dilettante. C'est un travail, qui demande des compétences et de l'attention. Et tout travail mérite salaire, non ?

Certes, certains gagnent bien leur vie. Je parle de patrons, la. Mon salaire, vous le connaissez, je l'ai dit dans un des article, vous n'avez qu'à relire.

Et ? Si un patron de pompes funèbres gagne sa vie, c'est que sa boîte bosse beaucoup. Si elle bosse beaucoup, c'est qu'elle bosse bien. Nous ferons une exception des petites brute dont j'ai parlé il n'y a pas si longtemps et qui se comportent comme si elles avaient le monopole.

Il ne devrait pas gagner de l'argent parce qu'il fait bien son travail ? Personne ne vous oblige à aller chez lui. On me parlai l'autre jour d'un collègue qui a une piscine dans son salon. Si ça vous dérange d'aller vous faire enterrer par un gars qui a une piscine dans son salon, une simple consultation de Google vous informera qu'il a dix concurrents dans un rayon de douze kilomètres. Vous êtes libre du choix de votre entreprise de pompes funèbres, c'est la loi. Vous n'avez pas de voiture ? Appelez les, ils viendront chez vous, ou à l'hôpital. Ils refusent de se déplacer ? Laissez tomber, c'est des cons, appelez en d'autres.

Vous protestez contre la facture ? Je ne vois pas pourquoi. La loi oblige une entreprise de pompes funèbres à vous présenter un devis ''loyal et détaillé'' avant de vous faire signer un bon de commande. Qui vous empêche d'aller faire des devis chez les Croque-Morts du coin ? Inutile de vous déplacer, demandez le en ligne, ils ont tous leur site internet. Et vous n'êtes tenus de régler sur la facture que ce qui est conforme au devis. Pas de mauvaise surprise à attendre de ce côté la.

Vous trouvez injuste et misérable que les gars gagnent de l'argent sur le dos de la peine des gens, malgré tout ? Je peu vous comprendre. Etre d'accord avec vous, camarade communiste, jamais, mais vous comprendre, oui. Tiens, moi je trouve dégueulasse, par exemple, que les maisons de retraite ou en entasse les vieux dans des conditions parfois déplorables, appartiennent à des actionnaires qui touchent des dividendes royaux sur le dos des vieux. Demandez à Zinedine Zidane ou il a investi son fric, et combien ça lui rapporte.

Et je trouve aussi trop élevé le salaire des obstétriciens. C'est vrai, quoi : 8000 Euros par mois pour faire des accouchements, c'est abusé. N'importe quel pompier bénévole doit savoir le faire. Plaît il ? Vous êtes quand même plus rassurés de savoir que tout se déroule dans une salle stérile, et puis, il a fait des sacrifices, de longues années d'étude ? C'est vrai.

L'entrepreneur aussi a fait des sacrifices. Ses nuits, ses week-ends, à aller patauger dans le cadavre, il a investi tout ce qu'il avait dans un corbillard, un TSC, un funérarium. Il a embauché des gars, a dépensé des milliers d'euros pour leur formation.

Simplement, la ou l'obstétricien est celui qui recueille l'admiration et la gratitude des jeunes parents, le croque-morts recueille la peine et la colère parfois de ceux qui ont perdu un proche. Alors que la naissance sera payée par la sécurité sociale, la facture des pompes funèbres sera payée par vous, avec 19.6 % de TVA.

Certes, l'obstétricien a un risque, si ça se passe mal, il peut avoir un procès. Race que vous croyez que le croque-morts, lorsqu'un convoi se passe mal, peut déterrer votre grand-père et vous dire qu'on recommencera demain ? Si la facture des Croque-Morts semble toujours trop élevée, il n'y a pas de chiffre assez grand pour le préjudice moral, selon les famille, quand ça va mal.

Si les pompes funèbres sont mal vues, dites vous bien une chose : ce n'est pas parce qu'ils sont juste une bande de salauds cyniques qui se font des couilles en or sur le dos de la peine des gens. C'est parce que vous avez un problème avec la mort, parce qu'on touche à un tabou.

Posez vous une question, une seule : si vous aviez le choix, feriez vous mon job ? Et une autre : et si, du jour au lendemain, il ne se trouvait plus personne qui accepte de faire le boulot, qu'est-ce qui se passerait ?

Je sais que la plupart d'entre vous se croit capable, soyez franc, de faire le boulot, parce qu'ils ont vu des autopsies à la télé, dans ''les experts''. Je me marre. Et je sais que, quoi que je dise, je n'arriverai pas à vous convaincre que chaque euro que vous donnez à un croque-morts honnête (il en existe des pourris, je ne l'ai jamais nié) est justifié.

Mais je continue malgré tout d'aimer mon travail.

Mais je me demande bien pourquoi.

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1 avril 2011 5 01 /04 /avril /2011 00:00

profilok-copie-1Félicitations à tous les participants à la clôture du jour.

Nous avons vu, dans l'article d'hier, deux différents types de devis pour les mêmes obsèques. Plusieurs centaines d'euros les séparaient à prestations identiques. Pourquoi ? Eh bien, la réponse est simple : ça dépend à qui vous avez affaire.

Distinguons deux sortes d'entreprises de pompes funèbres. Ceci est très schématique : il en existe en fait plus que ça, mais, grosso modo, elles se rapprochent toujours plus ou moins de ce descriptif.

Premier type (auquel appartient le devis 1 d'hier) : le grand groupe national.

Le meilleur exemple est l'opérateur funéraire numéro 1 sur le marché. Ici, il s'agit d'une seule et même société, les boutiques sont des filiales, il existe plusieurs niveaux hiérarchiques, et tous aboutissent à une seul et unique siège, sur lequel est assis un directeur nommé par un conseil d'administration. En dessous de lui, un numéro 2, un numéro 3, quelques directeurs de services, des chefs de services, puis des directeurs de régions, qui chapeautent dans les faits quatre ou cinq régions chacun, des directeurs de secteurs, qui gèrent grosso modo un département, des directeurs de marque, qui gèrent plusieurs agences, et ensuite, on se retrouve soit avec un directeur d'agence, qui va être au contact des assistants funéraires, soit au directeur technique, qui va être au contact des thanatos, porteurs, etc... soit un directeur de centre serveur marbrerie, qui s'occupera des marbriers.

En gros, si vous partez du chef, vous serez passés par une dizaines de paliers hiérarchiques, chacun comptant entre dix et cinquante personnes, avant de tomber sur un gars qui fait effectivement un boulot de croque-morts.

L'échelle des salaires est inverse : si l'on prend un salaire de base moyen de 1100 euros net pour un assistant funéraire ou un agent de funérarium, on peut le multiplier par deux à chaque fois qu'on grimpe un échelon. Traduction : mois vous êtes productif sur le terrain, plus vous êtes payés. D'un point de vue hiérarchique, cela signifie aussi qu'un petit comptable qui fait ses sept heurs à Paris sera apte à donner des ordres à un croque-morts qui gagne la moitié de son salaire et doit rester disponible sept jours sur sept, et du travail de qui dépend le salaire du comptable sus cité.

Ce genre de groupe est un grand bateau ivre : chacun, au siège, établit un certain nombre de procédures pour se simplifier la vie, qui doivent être appliquées sur le terrain. Au niveau opérationnel, les croque-morts se voient donc affublés de tout un tas de notes de services, parfois aberrantes, qui phagocytent jusqu'à la moitié de leur temps de travail. Pour que ce genre de groupe soit apte à ètre dirigé depuis une seule entité, de surcroit, les tarifs et procédures sont uniformisés. D'une station balnéaire très riche du sud de la France à une ville ouvrière du Nord, les tarifs et les cérémonies sont les mêmes.

Le groupe est par ailleurs propriétaire de sa propre usine de cercueils. Ce qui peut sembler être un avantage pose un problème de lenteur : lorsque la gamme est dépassée, le temps d'étudier de nouveaux modèles, de les agréer, de vérifier faisabilité, rentabilité etc... Il faut trois ans entre le moment ou quelqu'un se dit « tiens, et si on changeait une peu la gamme ? » et le moment ou les nouveaux modèles sont disponibles en agence. Un artisan, il lui suffit d' écluser son stock et de trouver un nouveau fournisseur, soit moins d'un mois.

Il faut donc, sur la facture, gagner de l'argent pour couvrir les frais, payer les salaires, non seulement des croque-morts, mais aussi de touts les administratifs, directeurs, adjoints, etc... Leurs voitures de fonctions, les bâtiments pour abriter tous ces gens-la. Et il faudra qu'il en reste assez pour satisfaire les actionnaires. Tout est géré , on pas comme une entreprise de pompes funèbres locale, qui avant tout surveille sa réputation, mais comme un centre de profit, qui considère que l'information principale est sa rentabilité.

Une telle structure ne présente, bien entendu, pas que des inconvénients. Elle possède sa formation interne, et je sais pour en sortir, que lorsqu'on a été formé chez eux, c'est un sésame qui ouvre bien des portes. Elle possède aussi une logistique impressionnante. Lorsqu'un avion s'écrase, qu'on a besoin de monter une chapelle ardente, un funérarium avec des thanatos apte à aider les légistes pour les prélèvements destinés aux identifications, une centaine de véhicules équipés pour les transports de corps, quelques centaines de porteurs pour s'occuper des défunts, de dizaines d'assistants pour gérer les formalités de rapatriements, et qu'on en a besoin tout de suite, inutile de réfléchir : c'est eux qu'il faut appeler. Cinq heures plus tard, tout est en place et parfaitement opérationnel.

Les deux inconvénients majeurs sont, pour la société elle-même une lenteur prohibitive, et pur le client, des coûts très élevés, qui n'existent pas ailleurs et ne lui confèrent aucun avantage particulier en contrepartie.

Second type : l'indépendant.

Variante un : le gros indépendant.

Il existe deux genre d'indépendants. Le premier, c'est le gros indépendant. Il est seul, parfois avec un ou deux associés, souvent en famille, il possède plusieurs boutiques sur un secteur géographique précis, souvent rural. Son modèle ne fonctionne pas en ville. Il est implanté sur le secteur, les gens ne connaissent que lui. Il est réactif, prend les décisions immédiatement, peut s'adapter à tout, tout en possédant un potentiel commercial suffisant pour obtenir de très bonnes conditions de ses fournisseurs.

Il ne craint pas la concurrence : s'implanter sur une partie de sa zone ne serait pas viable, parce que cela ne représente pas assez d'activité pour faire vivre deux sociétés. La seule solution serait de venir occuper toute sa zone de chalandise, ce qui représente des moyens financiers que peu ont, et pour une rentabilité sur du trop long terme.

Il peut alors choisir deux attitudes : honnête ou salopard.

Le salopard profite qu'il est seul pour s'en mettre plein les poches. Il augmente les tarifs des cercueils lorsqu'il a envie de changer sa Mercedes. Les gens vont chez lui uniquement parce que les autres sont loin. Son espérance de vie est moyenne : le jour ou un concurrent plus combattifs que les autres décide de venir s'implanter chez lui, le glas sonne pour le salopard : les familles sauteront sur l'aubaine.

L'honnête travaille bien, à un tarif raisonnable. Il connaît le monde, a enterré le père et enterrera le fils, Lorsqu'un concurrent vient s'implanter chez lui, il va se présenter en emmenant le champagne, et lui souhaitera sincèrement bonne chance. Lorsque son concurrent mettra la clef sous la porte, il rachètera son matériel à bas prix.

Il a tendance à bien payer ses employés : les former coûte cher, il doit donc s'assurer de les garder longtemps, et, en cas de pépins, doit pouvoir s'appuyer sur des gens compétents et fidèles, capables de faire tourner la boutique sans lui.

Les deux connaissent en général la même fin : ils vendent leur société au grand groupe national, et filent avec leur gros chèque couler des jours paisibles au soleil.

Variante deux : le petit indépendant.

Il a du mal à exister, il a du mal à vivre, au début. Il ressemble au gros indépendant sans la situation de quasi monopole. Lui aussi est réactif, mais a peu de moyens logistiques ou de négociations. Il doit aussi s'appuyer sur des employés fidèles, et donc les rémunérer correctement, pour les mêmes raisons. Il n'a pas le choix : ses armes sont des tarifs raisonnables, voire franchement bas par rapport aux autres, et une compétence sans faille. Jour et nuit, sept jours sur sept, il a son téléphone avec lui, et saute de son lit pour aller chercher un corps. Il sait qu'il lui faut faire six ou sept convois pour gagner de quoi payer ses charges, et après, seulement, il pourra espérer se verser un salaire.

Il sait que pour continuer, il devra grossir, acheter encore et toujours plus de matériel, renouveler l'ancien, continuer à s'endetter. Si sa réputation est bonne, alors il pourra gagner assez d'argent pour s'offrir une belle voiture et une piscine dans son jardin, mais qu'il suffit d'un seul faux pas, un convoi raté, un entrefilet dans le journal, pour ruiner sa notoriété et couler sa boîte.

Les gens viennent chez lui parce qu'ils savent qu'ils auront du bon boulot pour pas cher.

 

Bon, j'en vois, des collègues professionnels, qui font des bonds sur leur chaise. Comme je le dis, c'est de l'archétype. Et qu'en est il des franchisés ? Je les classe dans les indépendants. Première ou seconde catégorie, c'est selon les cas.

Mais vous, clients lambda, dites vous bien une chose : les pompes funèbres ont un coût. La gratuité n'est possible qu'aux prix de sacrifices que vous n'êtes pas prêts à consentir. C'est ce que nous verrons demain, dans la conclusion.

Mais dite vous que si certains sont chers, c'est qu'ils en ont les moyens. Soit parce qu'il n'y a qu'eux, mais dans ce cas la, pourquoi n'appelez vous pas plus loin ? Il se trouvera toujours un confrère prêt à se déplacer, soit parce que VOUS pensez que la petite boutique pas chère, ça cache quelque chose, alors que cette grande enseigne nationale que vous avez soit vu dans la publicité à la télé avant Derrick (ou les ''Feux de l'amour'') ou que vous connaissez depuis tout le temps parce qu'avant, c'était la régie municipale, sont les seuls à faire du bon boulot. Dans ce cas, et seulement lorsque vous aurez imprimé que les pompes funèbres sont un service qui se paie, vous pourrez peut être enfin comprendre que le seul responsable d'une facture trop élevée, c'est vous, et uniquement vous.

 

(à suivre... une dernière fois)

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31 mars 2011 4 31 /03 /mars /2011 00:00

profilok-copie-1Félicitations à tous les participants à la clôture du jour.

Pour poursuivre cette passionnante série sur l'argent des pompes funèbres, et à ce propos, je vous suis vraiment reconnaissant de ne pas ronfler trop fort, je vais vous faire un devis. Pardon, l'habitude.

Nous allons partir du cas suivant : Un décès survenu à l'hôpital, la famille souhaite le transfert du corps vers un établissement funéraire, des soins de conservation, un cercueil moyen de gamme plutôt destiné à la crémation, une cérémonie religieuse, suivie d'une crémation, et le dépôt de l'urne dans une case de colombarium achetée pour l'occasion. Le cas se situe en province, plutôt dans la partie nord. La famille a opté pour une urne en granit massif, destinée à durer dans le temps. Elle a acquis la case de colombarium pour une durée de 15 ans. Elle souhaite faire graver la plaque.

Pour le choix des tarifs, j'en ai sélectionnés plusieurs. C'est un mix entre les grilles tarifaires de différentes sociétés, exclusivement de grandes enseignes connues au niveau national. On est dans la fourchette des prix pratiqués, en semaine, aux heures ouvrables (compter une majoration pour les Horaires non Ouvrables, ou HNO, de l'ordre de 50 pour cent, à savoir les dimanches, jours fériés et heures de nuit).

 

Exemple 1

Frais de dossier/démarches administratives avant obsèques : 240 E

TSC (Transport Sans Cercueil) : 270 E

Housse biodégradable pour transport de corps : 18 E

Admission et séjour à la maison funéraire : 340 E (forfait sans limite de durée)

Sois de conservation : 380 E

Cercueil : 1550 E

(Correspondant à un cercueil mouluré verni en pin massif, équipé d'un bac, de quatre poignées en résine, d'un capiton avec oreiller et linceul, d'une plaque d'identification, d'une croix et de cache-vis)

Mise en bière au moment du convoi : 80 E

Véhicule funéraire : 280 E

Trois porteurs au convoi : 270 E

Maître de cérémonies : 170 E (A la remise d'urne)

Ouverture/fermeture d'une case de colombarium : 120 E

Gravure : 12 E/ Lettre, soit 15 lettres et 8 chiffres (années naissance, année décès) en caractères Romains dorés : 276 E

Urne granit : 240 E

Total des prestations fournies par l'entreprise : 4234

Frais tiers avancés par l'entreprise pour votre compte :

Vacation de police : 20 E

Eglise : 120 E

Parution dans le journal (une parution dans l'Est Républicain édition 54 ou le Télégramme sur le Finistère, par exemple) : 200 E

Crémation : 680 E

Achat d'une case de colombarium pour une durée de 15 ans : 450 E.

Total des frais engagés pour votre compte : 1470 E

Soit un total général des obsèques : 5704 Euros TTC

 

Exemple 2

Voici le même cas chez un entrepreneur indépendant. Nous savons opté pour deux cercueils et deux urne similaires

Frais de dossier/démarches administratives avant obsèques : 50 E

TSC (Transport Sans Cercueil) : 100 E

Housse biodégradable pour transport de corps : 47 E

Admission et séjour à la maison funéraire : 340 E (forfait sans limite de durée)

Sois de conservation : 369 E

Cercueil : 770 E

(Correspondant à un cercueil mouluré verni en pin massif, équipé d'un bac, de quatre poignées en résine, d'un capiton avec oreiller et linceul, d'une plaque d'identification, d'une croix et de cache-vis)

Mise en bière au moment du convoi : 0 E

Véhicule funéraire : 128 E

Trois porteurs au convoi : 220 E

Maître de cérémonies : 128 E (A la remise d'urne)

Ouverture/fermeture d'une case de colombarium : 60 E

Gravure : 9 E/ Lettre, soit 15 lettres et 8 chiffres (années naissance, année décès) en caractères Romains dorés : 207 E

Urne granit : 240 E

Total des prestations fournies par l'entreprise : 2659

Frais tiers avancés par l'entreprise pour votre compte :

Vacation de police : 20 E

Eglise : 120 E

Parution dans le journal (une parution dans l'Est Républicain édition 54 ou le Télégramme sur le Finistère, par exemple) : 200 E

Crémation : 680 E

Achat d'une case de colombarium pour une durée de 15 ans : 450 E.

Total des frais engagés pour votre compte : 1470 E

Soit un total général des obsèques : 4129 Euros TTC

 

Pour info.

Salaire moyen d'un porteur dans l'entreprise à l'exemple 1 : 996 E net:mois pour 152 heures.

Salaire moyen d'un porteur dans l'entreprise à l'exemple 2 : 1300 E net/ Mois pour 152 heures

Salaire moyen d'un assistant funéraire entreprise 1 : 1180 E net/mois.

Salaire moyen d'un assistant funéraire entreprise 2 : 1800 E net/mois.

Salaire moyen d'un maître de cérémonies entreprise 1 : inexistant. Le maître de cérémonies est un porteur lorsque l'assistant n'est pas disponible. La société juge le poste inutile.

Salaire moyen d'un maître de cérémonies entreprise 2 : à prix d'or, jusqu'à 1800 Euros net/mois pour un débutant. Coordinateur du convoi, intermédiaire avec la famille, il est considéré comme jouant le rôle le plus important.

Pour info subjective :

Commentaire sur devis montré au responsable de l'entreprise 1 : « Une petite affaire. Pourquoi vous n'avez pas vendu (suivent les nom de dix produits totalement dispensables pour le client mais à forte marge) ».

Commentaire sur devis montré au responsable de l'entreprise 2 : « Beau devis ! J'espère que tout ira bine sur le convoi. »

Pour info à caractère publicitaire :

Prix d'une dispersion des cendres en mer, avec mise à disposition d'un skipper, sur un trimaran de 12 mètres, pouvant accueillir 12 personnes, salon à disposition de la famille, avec collation (café, jus de fruits, gâteaux, fraises de Plougastel) dans l'entreprise 1 : « T'emmerdes pas avec ça, commence pas à habituer les familles à ce genre de trucs, après c'est la porte ouvert à tout, t'imagines le temps passé pour gagner quoi ? C'est pas rentable ».

Prix d'une dispersion des cendres en mer, avec mise à disposition d'un skipper, sur un trimaran de 12 mètres, pouvant accueillir 12 personnes, salon à disposition de la famille, avec collation (café, jus de fruits, gâteaux, fraises de Plougastel) dans l'entreprise Pompes Funèbres Civiles, appartenant au type 2 : 350 Euros.

 

Demain commentaire et explication des différents types d'entreprise, d'un point de vue structurel.

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30 mars 2011 3 30 /03 /mars /2011 00:00

profilok-copie-1Félicitations à tous les participants à la clôture du jour.

Comme je le disais hier, il y a deux chiffres importants à retenir. Le premier, nous l'avons traité, et le deuxième concerne un bon cinquième de la facture.

En effet, si il y en a un qui s'en met plein les poches, sans moufter et malgré la législation européenne, raison pour laquelle il se voit traduire en justice, c'est l'état. Ce qu'ile est important de savoir, c'est que seul les transports de corps sont soumis au taux réduit de TVA (ce qui représente, selon les cas, moins de 10 pour cent du montant total de la facture) le reste des prestations se voyant taxé à 19.6 %.

Note : j'en vois d'ici qui s'exclament déjà « salaud de Sarko ». Cet état de fait perdure depuis 1992. Sauf erreur de ma part, la gauche a été au pouvoir, entre temps. Ce n'est pas une question politique partisane, donc. Ceci posé, poursuivons.

Ce qui est gonflé, c'est que la TVA est au taux normal y compris pour des équipements obligatoires. Que l'on taxe les soins de conservation, qui peuvent être considérés comme du luxe, c'est un autre débat, mais que l'on taxe le cercueil, qui représente, proportionnellement, la partie la plus importante de la facture, plein pot, si j'ose dire, c'est un tantinet fort de café.

Pour info, d'autres pays, comme certains états américains ou la plupart des pays du Maghreb, par exemple, considèrent le cercueil comme facultatif. C'est encore un autre débat. Mais c'est quand même typiquement Français que de vouloir imposer un achat qui est limitatif dans les solutions possibles (inhumation ou crémation, point barre, nous verrons dans un article ultérieur qu'il existe autre chose) et parfois incompatible avec les usages de certaines religions (l'islam, par exemple, préconise que le corps soit enveloppé dans un linceul et inhumé tel quel, pour que le musulman soit en contact avec la terre ou reposent ses ancêtres. Plus d'une fois j'ai vécu des moments compliqués à l'expliquer aux familles très pratiquantes) et de taxer ledit achat, très important d'un point de vue financier de telle façon d'alourdir encore le budget.

Il existe, depuis plusieurs années, un mouvement mis en place par des entreprises de pompes funèbres et des associations d'usagers pour demander un taux réduit de TVA. Malheureusement, la mauvaise presse dont ''jouit'' la profession fait que cette action n'est pas parvenue aux oreilles du grand public.

Les restaurateurs, eux, ont obtenu gain de cause, parce que plus populaires, plus médiatiques et plus efficace sans doute en matière de lobby. Ce qu'ils ont fait des gains de cette mesure, et je m'excuse auprès de ceux qui ont joué le jeu en réduisant leurs prix et en embauchant du personnel, ne donne pas envie de réitérer cette expérience avec d'autres professions.

Pourtant, les pompes funèbres le justifieraient à plus d'un titre. L'objectif de tous les interlocuteurs avec qui j'ai pu en parler est effectivement de répercuter cette baisse directement sur leur prix. Ceci a deux objectifs : le premier, en touchant directement et de façon positive au portefeuille du consommateur, est de s'acheter une respectabilité que nous tous pensons sincèrement mériter auprès du public. Le second, plus intéressé, il est vrai, est de faire baisser le taux d'impayés et de contentieux.

Les pompes funèbres sont un service obligatoire et onéreux, je connais peu de personnes capables de sortir le prix de l'intégralité d'une facture d'obsèques de leur poche. Il existe pourtant des aides et des solutions qui peuvent être mises en place : paiement en plusieurs fois sans frais, prélèvement direct sur le compte du défunt (sous réserve qu'il soit approvisionné et dans la limite de 3050 euros), capital versé par certaines mutuelles, aides publiques, j'en passe. Le croque-morts peut vous assister dans ces démarches, et un bon professionnel doit savoir vous indiquer leur existence, c'est un minimum. Malgré cela, il y a un taux important de factures impayées, et souvent parce que les personnes y mettent de la mauvaise volonté.

Désolé, hein, mais quand on voit le nombre phénoménal de solutions possibles, c'est de la mauvaise volonté. Quand je vois le cas d'un client que j'ai aidé à percevoir un montant d'assurances de 7000 euros lors du décès de son père, auquel il n'adressait plus la parole et duquel il n'attendait pas un rond, et que je sais que ce client fait le morts, pratiquement deux ans après, pour régler 1500 euros de facture des pompes pour une belle cérémonie, je suis mortifié. La prochaine fois, j'enterrerai son père à la fosse commune, comme un chien, et je fermerai ma gueule sur le capital de la mutuelle, comme ca aurait dû ètre fait à l'origine.

Non, bien sûr que non. La prochaine fois, j'aiderai encore les gens que j'ai en face de moi et je me fera encore prendre pour un con.

Pardon pour cette anecdote pleine d'amertume.

Le fait de baisser la TVA et donc le prix des pompes funèbres permettrait déjà de montrer notre bonne volonté, et peut être de passer sous un seuil psychologique qui rend la facture plus ''acceptable''.

En tout cas, entre la TVA, les taxes, les droits de succession, j'en passe, pour l'état,, le mort est solvable.

 

(à suivre)

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29 mars 2011 2 29 /03 /mars /2011 00:00

profilok-copie-1Félicitations à tous les participants à la clôture du jour.

Il est deux chiffres importants à retenir lorsqu'on parle de l'argent des pompes funèbres. Primordiaux, même.

Le premier est une comparaison : il existe deux étapes obligatoires dans la vie, à savoir la naissance et la mort. Entre les deux, tout est possible, mais personne ne pourra échapper à ces deux-la.

Le coût d'une naissance, que ce soit en clinique ou à l'hôpital est de 7000 Euros, entièrement pris en charge par la sécurité sociale. Le coût moyen des obsèques est, selon UFC - Que Choisir, de 3900 Euros. Ce chiffre ne veut rien dire en soi : selon que vous serez à Brest ou à Paris, à Strasbourg ou à Toulon, le prix sera différent, pour de simples contraintes liées aux spécificités locales. La ou, à Brest, on peut faire trois convois par jour sans effort particulier, c'est beaucoup plus difficile à Paris, du fait de la conformation géographique des lieux, les distances à parcourir à Paris étant plus importantes, et des conditions de circulation. Le tout pour le même coût, puisque les charges salariales, entre autre, seront les même. Les croque-morts ne sont pas des tâcherons, ils sont payés à l'heure, pas à la tête, si vous me passez cette expression.

La naissance est généralement un moment béni. L'arrivée d'un petit être attendrissant dans une famille est, dans la plupart des cas, ce qui se fait de mieux comme bonne nouvelle familiale, accompagnée d'un cortège de visites, félicitations, cadeaux, et grimaces diverses et variées dans l'espoir d'obtenir un minuscule sourire de l'intéressé.

Votre serviteur lui-même s'est considérablement rendu ridicule en public à maint reprises pour faire rire son neveu. Agazougazou, arheu arheu, etc... Bref.

La naissance est un moment de joie totalement gratuit pour les personnes concernées. La société prend son coût en charge, et je n'ai jamais rencontré personne qui se pose la question du tarif.

Les obsèques sont un moment de deuil, de séparation d'avec un être aimé, un passage difficile. Inutile de vous faire un dessin : si besoin est, vous avez quelques dizaines d'articles à disposition sur ce blog, il suffit de cliquer sur l'onglet pompes funèbres en haut.

Non seulement vous perdez quelqu'un que vous aimez, mais vous allez vous retrouver devant un inconnu qui va faire disparaître son corps contre de l'argent. Exactement comme une sage-femme qui va faire apparaître un bébé, mais la, ça ne dérange personne.

Le croque-morts devant qui vous vous trouvez est alors perçu comme un charognard, un salopard qui profite de la détresse des gens pour faire du fric. C'est le cas de certains, j'y reviendrai, mais ils sont une minorité dans la profession, j'y reviendrai aussi.

Je vais prendre un cas que je connais bien, le mien.

Ceux qui me connaissent savent à quel point j'aime mon travail. Je suis dans ma sixième année de pompes, après avoir fait d'autres boulot, un peu de conseil en patrimoine, un peu d'automobile, etc... J'ai commencé en bas de l'échelle, ai grimpé les échelons en passant d'un poste à l'autre, pour finir assistant funéraire, dûment diplômé, et je vous fait grâce des nombreuses formations que j'ai suivies entre temps, y compris le soir chez moi, sur mon temps libre. Je considère que le défunt doit être au coeur de la cérémonie, que l'hommage doit être impeccable et conforme à qui il était, qui qu'il ait put être, justement. Tout Homme a droit à la dignité dans la mort. Ajoutez à cela une disponibilité sept jours sur sept, 24 heures sur 24, la mort n'ayant pas d'heure.

Mon dernier salaire à temps plein (ma situation actuelle étant particulière) s'élevait donc, en contrepartie de tout ça, à 1180 euros net.

A partir de ce moment la, le problème de la piscine dans le jardin est résolu, puisque je n'ai pas les moyens de ma payer un jardin.

Si, à l'instar des naissances, les décès étaient pris en charge par la sécurité sociale, est-ce que les attaques contre les pompes funèbres seraient si virulentes? Bien entendu, il en est hors de question. Nous verrons demain, en examinant le second chiffre, que cela procède d'une hypocrisie d'état qui arrange tout le monde, sauf les croque-morts et leurs clients.

 

(à suivre)

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28 mars 2011 1 28 /03 /mars /2011 00:00

(le présent article est le premier d'une série qui nous prendra, mine de rien, toute la semaine)

 

profilok-copie-1Félicitations à tous les participants à la clôture du jour.

Dans le top 10 des professions les plus méprisées, pas au vol au coin du zinc d'un quelconque estaminet, mais bien dans les quelques enquêtes qui on été réalisées sur le sujet, on trouve les banquiers, les assureurs, les huissiers de justice et les croque-morts. C'est vrai que les banquiers, les assureurs et les huissiers de justice sont méprisables, mais je dis ça uniquement parce que je vais faire un article pour défendre les pompes funèbres, les autres, démerdez-vous, je vais pas faire le boulot à votre place. Ceci dit, je vous rappelle qu'il existe une rubrique « invités », dans lequel je publierai votre article avec joie et en l'état, sauf s'il est vraiment trop mal écrit.

Mais les croque-morts ? Méprisables ? Tsss.

Il y a deux raisons majeurs à cela. La première concerne ce métier qui est en contact direct avec la mort, taboue encore aujourd'hui. La seconde, celle que je traiterai ici, concerne le nerf de la guerre : le pognon, l'argent, les gros sous. Les croque-morts seraient des voleurs, purement et simplement.

Cela peut se comprendre : non seulement nous allons faire disparaître le corps d'un être aimé, c'est à dire matérialiser le côté définitif de la séparation, moment difficile si il en est, mais en plus, nous allons vous présenter à l'issue une facture de trois mille balles (sur le principe un balle égale un euro, faut vivre avec son temps). Salauds de voleurs.

C'est vrai. D'ailleurs, je vais aller me constituer prisonnier au commissariat le plus proche, ainsi que tous mes collègues. Je ne suis pas inquiet. Pendant qu'on papotera tranquille en détention, sur les derniers potins de la profession, vous vous démerderez avec vos défunts.

Non seulement vous vous occuperez du corps de vos proches décédés, toilette, habillage, mise en bière, convoi, inhumation (ou crémation... « C'est quoi ce four ? Il y a plein de boutons et de cadrans partout » j'imagine déjà la scène) organisation et démarches administratives comprises, mais aussi de celui de votre voisin. Mais si, vous savez, ce type tout seul, dont vous, gorgés d'humanisme sirupeux, toujours prompts à donner des leçons, ignorez jusqu'à l'existence, que vous n'avez pas vu depuis six semaines et de chez qui commence à vous parvenir une odeur franchement nauséabonde... Vous irez donc ramasser son corps, …

« Euh... Attends, je rentre pas la dedans, ça pue, c'est horrible ! »

Cessez de m'interrompre grossièrement. Vous n'êtes même pas entrés dans les lieux, l'odeur, c'est rien, la. Vous irez donc jusqu'à son corps...

« Mais c'est abominable ! En plus, l'air est vicié, ça doit être plein de bactéries, et on va pourrir nos fringues ! »

… (soupir) vous irez donc jusqu'à son corps, dans votre combinaison jetable, convenablement gantés et protégés d'un masque, de protèges chaussures, après avoir balancé une grenade assainissante. Combinaison : 60euros HT les 25, masque FFP2 : 15.90 E les 20, vous irez avec votre chariot brancard funéraire, 2350 Euros Hors taxes, sans compter la housse sanitaire à 18 Euros Hors taxe, l'unité, la grenade assainissante, 10 Euros HT, etc etc... Je vous passe les gants, protège chaussures et petits accessoires. C'est cadeau, ça me fait plaisir.

Bien sûr, vous m'objecterez : « Mais attends... Tu veux dire que, quand moi je paie pour les obsèques de ma grand-mère, je contribue à payer du matériel qui servira aussi pour ce gars la, que je ne connais pas ? ». Oui, et doublement, puisque ce type, c'est l'administration, donc tes impôts, qui vont sans doute payer ses obsèques.

« Ah mais non, en bon capitaliste, je refuse, j'ai rien signé ».

Comme tu veux. Puisque le type n'a personne pour payer pour lui, o va le laisser ou il est. Quand l'air sera devenu irrespirable, que les insectes et vers auront envahi ton logement, et tes enfants auront attrapé des saloperie, par contre, on risque d'en reparler...

Sur ce, je vais vou slaisser, je sui fatigué, à cause de tous les soucis que vous me donnez. Demain, on arlera salaire et formation des voleurs Croque-Morts.

 

(A suivre)

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12 juin 2010 6 12 /06 /juin /2010 04:00

profilok-copie-1Félicitations à tous les participants à la clôture du jour.
___Hôtesse d'accueil dans un funérarium est un métier à risque, surtout pour la santé mentale. Les joueurs de l'Appel de Cthulhu feront un jet sous leur SAN au préalable de la lecture de cet article, ceux qui ne savent pas de quoi je parle peuvent quand même le lire.
___Or donc, le docteur avait signé le certificat de décès, après avoir procédé aux examens d'usage pour vérifier que la mort était "réelle et constante". Le coeur ne battait plus, les poumons étaient inactifs, l'encéphalogramme restait plat.
___De plus, le défunt n'avait quasiment plus une goutte de sang dans les veines, étant donné que le thanato lui avait prodigué des soins. Au lieu de quoi, du formol saturait son organisme, à une dose cent fois supérieure à celle nécéssaire pour tuer un homme en pleine santé.
___Bref, il était mort. Aucun doute. Froid et raide. Delta Charlie Delta.
___Il reposait, l'aspect paisible, dans un salon funèraire.
___Cette après-midi la, l'air était moite à l'extérieur, et le ciel bas laissait augurer de l'orage qui s'abattrait sur la Lorraine le soir même, fendant le ciel d'éclairs electriques, merveilles de la nature, semblant exprimer ainsi sa colère et sa puissance.
___Mais l'hôtesse s'en foutait, le funé était bien à l'abri, et il y avait la clim. Nous l'appelleront Marie, par commodité, l'hôtesse, évidemment, pas la clim.
___La famille du défunt, l'air solennel, entra en procession dans les macabres locaux. Marie les accueillit, les accompagna jusqu'au salon, leur ouvrant la porte et s'effaçant pour leur laisser le passage, après avoir discrètement, de son oeil exercé de professionelle, que tout était bien en ordre. Tout l'était. Le registre et la boîte à carte sur la console, les fleurs aux pieds du défunt, et, sur la table basse, une petite bougie, brûlant en solitaire pour symboliser la flamme de l'amour qu'on porte aux ètres chers même par delà le mur de l'éternel sommeil, à côté d'un bouquet de roses qui déjà marquait les stigmates de la vieillesse sur ses tiges encore jeunes.
___"Putain, un de ces quatres, ils vont foutre le feu, à force de laisser des bougies sans surveillance !" Pensa Marie, dont le léger sourire compatissant ne bougea pas d'un millimétre. Son léger sourire compatissant, qui eût pu figurer dans son CV au passage : compétences professionelles.
___Après avoir accompagné la famille, elle retourna à son bureau, à l'accueil.
___Soudain surgit un fleuriste. C'est un phénomène bien connu des employés des pompes funèbres : des surgissements inopinés de fleuristes, semblant venir de nulle part, les bras chargés de végétaux colorés. En l'occurence, celui-la avait dans les mains une petite bombe à eau garnie de roses blanches. Pourtant, ce n'étais pas aujourd'hui dimanche, ma jolie maman... Ah, merde, j'mas gourré.
___Marie échangea quelques mots avce le livreur, et proposa d'aller déposer elle-même le bouquet en salon, puisque la famille y était encore.
___Et ainsi fut fait.
___Marie prit donc le bouquet, se dirigea tranquilementy vers le salon, composa le code à l'entrée, frappa poliment à la porte, composa son petit sourire compatissant, le un peu plus prononcé, celui qui disait : "Regardez ! Quelqu'un compatis à votre peine, pour soixante euros de chez le fleuriste du quartier, c'est cool, non ?" et entra.
___La lumière avait été baissée au maximum, laissant à peine un flux tamisé, rehaussé par les bougies nombreuses qui désomais entouraient la pièce. Sur la table basse, les vingt-six lettres de l'alphabet, dix chiffres, du zéro au neuf, et, autour du défunt, la famille, se tenant la main, en pleine séance de spiritisme.

___Marie restait sur le seuil de la porte, quelque peu interloquée. C'est  la première fois qu'on lui faisait le coup, ce qui, dans une carrière, n'est pas rien. Elle déposa les fleurs et s'en fut.
___La veuve s'en vint la trouver alors que la famille quittait le funérarium.
"Vous semblez avoir été surprise...
- Euh... Oui, un peu...
- Nous sommes spirites, voyez vous.
- Euh... Oui, je vois...
- Nous sommes donc venus parler un peu avec mon cher mari.
- Ah ? Euh... Bon. Et il a répondu ?
- Eh bien, pas vraiment, il est trop fraîchement décédé, il faut qu'il s'habitue à sa nouvelle condition, n'est ce pas ? Mais certains d'entre nous ont vu un de ses doigts bouger, et nous avons clairement senti un courant d'air glacé."
___Marie acquiesca poliment, regarda la famille partir, et retourna dans le salon, pour vérifier que toutes les bougies étaient éteintes. Avec toutes les matières inflammables qu'il y avait dans les salons, si en plus maintenant il y avait des courants d'air. Elle en profita pour baisser la clim.

requiem29@requiem29.com

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9 juin 2010 3 09 /06 /juin /2010 00:01

profilok-copie-1Félicitations à tous les participants à la clôture du jour.
___Il avait passé le parcours du combattant : entretien avec l'agence d'intérim, entretien avec le cabinet de recrutement privé (et son psy) et entretien avec la directrice. Enfin, il était la, dans le costume réglementaire qu'on lui avait trouvé, avec l'épaisse veste hiver, alors que le soleil brillait en ce printemps particulièrement chaud. On lui avait pris ses mesures, et garanti qu'il n'aurait pas longtemps à attendre.
Il arriva le matin avec une demi heure d'avance.
___Sur le parking, quelques véhicules, indiquant la présence d'une dizaine d'employés, ses futurs collègues.
___Le bâtiment long s'articulait autour d'une porte de garage massive, et close. Il le longea dans un sens, puis l'autre, jusqu'à apercevoir une petit groupe d'hommes et de femmes qui buvaient le café, dans une pièce. Il tapa au carreau. L'assemblée se tourna vers lui, et un homme lui indiqua par gestes de se rendre à une porte métallique, un peu plus loin sur sa droite.
___L'homme lui ouvrit la porte, se tenant en travers pour l'empêcher d'entrer, ou de voir à l'intérieur.
"Je suis le nouveau".
___L'homme lui ouvrit, et le laissa entrer. Il s'appellait Dédé. Il lui présenta la reste de l'équipe : Gaëtan, Muriel, Françoise, René, ... Eux semblèrent accorder pu d'importance à son nom. Il apprendrait plus tard qu'il était inutile de s'encombrer l'esprit avec le nom d'un nouveau tant qu'il n'avait pas tenu au moins une semaine. Eux croyaient à la formation à l'ancienne, à la dure, et la plupart des candidats tenaient deux heures.
___Il allait comprendre pourquoi.
___La directrice adjointe, accompagnée du responsable du personnel, descendirent, le (re)présentèrent à l'équipe, et désignèrent Dédé pour le former. Après avoir tenu conciliabule, Dédé revint le voir.
"Bon, première étape, comment porter un cercueil."
___La formation dura une demi-heure. Comment porter, la position du dos, des mains, traversée du garage avec le cercueil à la poignée, puis à l'épaule, avec quelques collègues recrutés au passage, puis Dédé déclara que ça irait, qu'ils reverraient ça avec un corps dedans, puis annonça la suite des opérations.
"Je vais te faire faire la visite, et, à dix heures trente, on rejoindra René, on te montrera comment les thanatos font les soins.
- Comment les quoi font quoi ?
- Un thanatopracteur. C'est celui qui fait les soins de conservation. Tu verras. Inutile de t'inquiéter".
___Il suivit Dédé dans le dédale, se faisant la réflexion que c'était justement ce genre de remarques qui faisaient s'inquiéter les gens. Pour quelqu'un qui, dix minutes avant, lui avait fait l'apologie du tact et de la psychologie élémentaire... Il se demandait jusqu'à quel point tout cela était un test.
___Ils parcoururent l'immense garage, ou les corbillards s'alignaient, brillants, prêts à servir. Au fond, le stock de fleurs artificielles, et une zone à part, un carré de mur à la porte solide. Elle s'ouvrait sur une petite pièce, carrelée de blanc du sol au plafond, dont le sol était percé de grilles d'évacuation des eaux. Au fond, une armoire métallique, massive, dotée d'un panneau de contrôle.
___"Ce sont les cases moins" Dédé ouvrit la porte. A l'intérieur, sur des rails, les uns au dessus des autres, trois brancards en acier inox. "C'est la qu'on met les corps les plus abîmés, à moins dix degrés. Tu vois ça, la ?" il désignait des sangles, suspendues à des crochets sur le mur "avec ça, on les attache solidement aux brancards. Comme ça, ils restent ou se mettent bien droit, ça évitent qu'ils aient des poses qui nous compliquent la vie au moment de fermer le cercueil".
___Ils gravirent ensuite les escaliers. Ni lui ni Dédé n'étaient particulièrement à l'aise dans les ascenseurs, et ce premier point commun avait fendillé le mur qui les séparait.
___A l'étage, "le couloir de la mort", annonça Dédé. Une immense coursive, percée de portes à intervalles réguliers, partait en effet sur leur droite et leur gauche. Tout au fond, à gauche, se trouvait la grande salle de cérémonie. A droite, l'entrée vers le secteur administratif, et les salons de réception des familles. Sur le mur nord, dix portes, donc, régulièrement disposées, qui ouvraient sur les salons ou les défunts reposaient. Ces portes étaient démunies de poignées à l'intérieur, afin que les familles ne puissent accéder aux coulisses. Le mur sud, lui, était lui aussi ouvert de portes, dont une double, devant laquelle s'arrèta Dédé. "Ca va, jusqu'à présent, grand ? Il s'était mis à l'appeller grand, comme il appelait tout le monde, un signe de familiarité encourageant.
- Oui, pas de soucis.
- Bon. Bien. Alors la, c'est le labo, dedans il y a René, il va te montrer un soin de conservation. Si ça va pas, tu sors, n'hésite pas, je serai en bas, à l'atelier de montage des cercueils."
___Il entra. Le laboratoire était une pièce carrelée de blanc, cernée d'un plan de travail et de meubles dans le plus pur style hospitalier, et en son centre se trouvaient deux tables d'autopsie. Des tables métalliques, massives, autour desquelles des gouttières étaient chargées de récupérer le sang et les fluides corporels, à l'extrémité desquelles l'on trouvait un évier, ou un lavabo, il ne savait quel terme pouvait bien s'appliquer. Sur l'une des tables était allongé un défunt, un vieil homme au corps fripé, sa tête reposant sur un petit haricot de plastique qui la maintenait juste au dessus du lavabo, et à côté se trouvait René, qui étalait sur le plan de travail le contenu de deux énormes valises noires.
"Salut ! bon, tu mets une combinaison jetable par dessus tes vêtements, et on y va !"
___Il fit comme disait le bonhomme. Il observa. Comment on bourrait les orifices de coton, comment on cousait une bouche, collait les paupières, puis vidait le corps de ses fluides, en perçant les organes pour capturer les poches de sang qui pouvait stagner, en injectant du formol sous pression pour nettoyer, avant d'en réinjecter pour combler les vides. Enfin, les derniers soins cosmétiques, l'habillage, et la présentation en salon.
___Il assista à tout cela sans broncher, ou presque. Une fois ou deux, il se rendit à la fenêtre, qu'il ouvrit grand pour respirer un coup. Quand tout fut finis, il aida au nettoyage de la pièce, et au rangement des bidons de sang dans l'armoire concue pour les accueillir.
___René lui demanda ses impressions, il n'avait rien de spécial à déclarer. "Bon, ben alors, pause déjeuner ! reviens à 13 H 15 cette après midi, tu pars avec une équipe de convoi".
___Il partit donc déjeuner. Ou plutôt grignotter. Le coeur n'y était pas vraiment, et il se demandait ce qui l'attendait encore.

___Ce qui l'attendait encore, ce fut une promenade bucolique. L'après midi, il était encore la une demi-heure en avance, il fut invité à se joindre à une équipe de convoi. Les équipes se retrouvaient devant le panneau d'affichage du planning. Le premier geste ètait toujours le même : tous, avec un bel unisson, ciraient leurs chaussures. Il se rendrait compte, au fur et à mesure, qu'ils étaient constamment en train de contrôler les tenues les uns des autres. A la moindre tache de pollen de fleur sur la manche, un collègue vous faisait un signe discret, pour que vous puissiez l'effacer.
___Le Maître de cérémonies arrivait, quand à lui, en avance. Il contrôlait les cercueils, vérifiant que le modéle et le capiton étaient bien ceux choisis par les clients. Ensuite, ils le nettoyaient scrupuleusement de la moindre trace de poussière, et y appliquaient du cirage. La boîte devait briller. L'équipe montait alors au salon, avec le cercueil, tandis que le chauffeur faisait le tour du bâtiment avec le corbillard, pour qu'ils puissent embarquer le défunt et partir immédiatement.
___Le défunt avait l'âge de sa petite soeur. Il était parti au travail en moto. Il n'était jamais rentré. il y avait beaucoup de fleurs.
___Il regarda la mise en bière et la fermeture du cercueil, puis, lorsque la famille eu quitté la pièce, les collègues lui re-firent un topo sur la façon de porter le cecueil, et il dut essayer. Le résultat fut "pas trop mal", on lui fit simplement se redresser pour qu'il ne se fasse pas mal au dos. On lui montra comment porter les fleurs, puis ils montérent dans le corbillard, une fois que tout fut chargé.
___A l'église, ce fut pareil : installer les fleurs, attendre que le curé vienne à la porte de l'église, le suivre avec le cercueil. Se relayer pour surveiller l'avancement de la cérémonie.
"Toutes les messes suivent le même plan. Quand tu entends le Notre Père, il est temps de se mettre en place".
Il faisait chaud, avec un souffle de vent, le temps était parfait pour attendre dehors, et il lui sembla, juste un instant, avoir trouvé un job facile.
___La messe s'acheva trois quart d'heure plus tard. Ce fut le même rituel. Sortir le cercueil, charger les fleurs. S'acheminer jusqu'au cimetière. Attendre la famille au portail. Suivre le corbillard en cortège à pied jusqu'à la sépulture. Installer le cercueil sur des tréteaux. Installer les fleurs autour.
___Puis le maître de cérémonie s'avanca, dit quelques mots, et l'assistance défila devant le cercueil. Enfin, il fut temps d'inhumer. L'équipe prit alors le cercueil, l'ammena jusqu'au dessus de la tombe, le posa sur deux barre qui étaient posées en travers. Ils sortirent tous de leur poche d'épais gants de macon, glissèrent des cordes dans les poignées, et le firent descendre, dans un unisson parfait, sans à-coup ni tanguage, jusqu'au fond.
___En s'écartant, ils retirèrent leurs gants, qu'ils tinrent dans leurs mains, dans le dos. L'un d'eux savanca alors, récupéra discrètement ceux du maître de cérémonie, puis ceux des collègues, et alla, l'air de rien, les ranger dans le corbillard. La famille n'avait rien vu.
___Ils prirent congé et rentrèrent, sous la pluie qui venait de commencer à tomber.
___Au centre, Dédé vint le voir. "Tiens, vint par ici, je vais te montrer comment on prépare un cercueil". ils furent interrompus par rené, le thanato "hop hop hop ! Non, on va en réquisition, et on l'emméne, pour qu'il voie ce que c'est".
___Ils partirent à deux véhicules. Dédé et un autre gars, Michel, dans l'ambulance frigorifique, suivi de René et lui dans un kangoo.
___René lui expliquait que les réquisitions, c'était la police, ou la gendarmerie, qui nous demandaient de venir chercher un corps. Soit parce qu'il n'y avait pas de famille, soit parce que les circonstances du décès faisait qu'on ne pouvait pas prévenir de suite ladite famille ou obligeaient à conduire le corps à l'institut médico légal.
___Ils roulèrent en silence quelques instants, puis parvinrent à destination.
___C'était un immeuble de quatre étages. Au dernier, une fenêtre était grande ouverte, malgré la pluie qui s'était mis à tomber, et, au pied de l'immeuble, attendait la police.
"La patrouille au grand complet en bas, les fenètres grandes ouvertes..." il huma l'air en descendant de voiture "t'as pas de pot, toi". "Pourquoi ?
- Sent.
- Ca pue.
- Et il est au quatrième. Bon, si ça va pas tu sors. Si t'as envie de gerber, tu sors. Si t'es pas sur, tu restes dehors. Celui la, il est la depuis un moment, et ça va pas étre propre. Quoiqu'il arrive, t'y touches pas, tu ne nous aides pas tant qu'on t'as pas formé et que t'es pas à jour de tous tes vaccins. OK ?"
___C'était ok. Le gars par terre était la depuis six semaines. Il s'était répandu sur le sol, était noir, gonflé, couvert de vers, dégageait une odeur insoutenable, en un mot, il était pourri.
___Au premier regard, il ne comprit pas ce qu'il voyait. Puis les images s'associèrent à ses idées, et il sentit qu'il allait vomir. Il se rua à l'extèrieur, dévala les escaliers, et prit une grande inspiration, une fois sur la pelouse. Un des flics s'approcha de lui, sortit son paquet de cigarettes, et lui en proposa une "C'est toi le nouveau, alors ? j'espère que tu fumes, c'est le seul truc vraiment efficace pour oublier l'odeur".
___Et ainsi fut fait.
___Ils chargèrent le corps, le ramenèrent au centre, l'installèrent en case négative, puis René se tourna vers lui : "Bon, demain huit heures trente ? Bonne soirée !" Dédé le regardait. Il s'avanca vers lui , et lui glissa discètement : "Tâche de pas trop penser à tout ça. C'est toi qui décides si tu veux revenir ou pas. La plupart reviennent pas. Il n'y a aucun déshonneur à ne pas revenir, personne ici ne te jugera"

___Le lendemain, j'y suis retourné. Et les jours suivant aussi, depuis cinq ans.

requiem29@requiem29.com

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7 juin 2010 1 07 /06 /juin /2010 20:15

profilok-copie-1Félicitations à tous les participants à la clôture du jour.
___Tous les participants ? Tous sauf un, disons, que j'aimerai voir, non pas mort, mais mutilé, dans un fauteuil roulant, avec juste suffisament de cerveau pour se rendre compte de ce qui lui arrive. Vous me trovez con ? Il est pire que ça. C'est un surcon.
___Donc, ce soir, je regardai le journal de Laurence Lamborghini, ou Porsche, je sais plus, pour écouter l'entrevue avec le président Iranien. Un sujet, juste avant, traitait d"insoutenable", le nouveau film de la sécurité routière.
___Je vous le met ici :

 

 

___Or donc, les journalistes ont eu l'idée de demander à une bande de jeunes, en leur passant le film, ce qu'ils en pensaient. Bon,je vous la fait courte, ils n'en pensaient pas grand-chose, l'untentant même d'expliquer que, je cite, "c'est un film sur la mort, alors que nous, quand on fait la fête, on a envie de penser à la vie". Brefr. C'est pas le pire. Le pire, c'est ce petit con qui explique : "Ca me fait rire, c'est trop, franchement, c'est n'importe quoi, c'est pas réaliste".
___J'ai juste envie de lui demander : c'est quand, la dernière fois que tu as été sur un accident de la circulation ?
___Personellement, j'ai été appelé sur ce genre d'événement. Pour qui passerait par hasard, je rapelle que je travaille aux pompes funèbres, et que, quand on m'apelle, c'est pas spécialement une bonne nouvelle. Je peu vous garantir que ce film est réaliste.
___Je me rapelle d'une intervention. Il était six heures du matin. Un petit jeune, qui revenait de soirée, avait trop. Trop bu, trop tiré sur la corde de sa fatigue, roulé trop vite. Il avait perdu le contrôle de sa voiture, dévié sur la voie de gauche, et était rentré dans la voiture qui arrivait en face. Dedans, il y a vait quatre hommes, des maris, des pères, qui faisaient du covoiturage pour aller travailler.
___Je vous passe les détails du carnage.
___Disons, pour résumer, que j'étais sur le bord de la route, avec mon collègue, en train d'emballer le petit jeune dans une housse de corps. J'étais limite content : au moins, il avais mis sa ceinture, il n'y avais pas de morceaux à chercher dans les fossés alentours, parce qu'à six heures du matin, en hiver, en Bretagne, il fait nuit et vraiment pas chaud. La lumière, on n'en manquait pas : spots des pompiers, phares des voitures, et cette inimitable couleur gyrophare qui fait clignoter la nuit.
___Un groupe de flics gradés discutaient pas loin. Sans doute tiraient ils à la courte paille lequel irait faire la tournée des familles, pour annoncer morts et handicaps à vie. Cinq fois. Le mec, je pense qu'après ça, il faut pas venir le faire chier.
___Limite, c'était la routine. Limite.
___C'est juste que le conducteur de la voiture des quatre travailleurs n'était pas mort. A quinze, vingt mètres de nous, les pompiers galéraient pour le sortir du véhicule. Ce qui les gênait, c'était que le moteur de la Clio se trouvait ou étaient censées ètre ses jambes.
___Je crois savoir que les pompiers ont réussi à le sortir de la voiture avec une jambe sur ses deux, plus tard. Ce qui n'a servi à rien, puisqu'on la lui a coupée, aussi. Les deux juste sous le bassin. Le cul de jatte parfait. Au moins, il était vivant.
___Je sais pas ce que le médecin du SAMU lui avait donné contre la douleur, mais il devait drôlement souffrir.
___Parfois, le soir, je suis tranquile chez moi, j'écoute un peu de musique légére, tout est calme, je ferme les yeux un instant, commence à somnoler, et soudain, j'entend les hurlements de ce pauvre gars. Ca fait partie des rêves que je fais parfois.
___C'est le genre de souvenirs dont je ferai volontier cadeau au petit con, celui du journal de Ferrari. Le jour ou il se tuera, bourré, au volant de la voiture que papa et maman lui auront payé pour fêter son admission à la Sorbonne, j'espère au moins qu'il aura la décence de n'emporter personne avec lui. Petit con.

requiem29@requiem29.com

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28 mai 2010 5 28 /05 /mai /2010 00:01

profilok-copie-1Félicitations à tous les participants à la clôture du jour.
Dans certains cas, aux pompes funèbres, l'on utilise des cercueils hermétiques.
On les utilise pour des défunts particulièrement pourris, mais c'est rare, en cas de maladies extrèmement contagieuses et mortelles, mais c'est rare, et pour les rapatriements à l'étranger ou les transports longue distance. C'est fréquent.
Le cercueil hermétique est en fait un cercueil en zinc déposé à l'intérieur d'un cercueil plus classique, en bois d'arbre. A l'intérieur de la partie métallique, un capiton, généralement fixé avec un ruban adhésif, un linceul, un oreiller, et tous les accessoires classiques.
Lorsqu'on ferme un cercueil hermétique, on soude le cercueil intérieur, le métallique, donc, gràce à un réactif chimique. Une grande bouteille, un plus petite, le mélange des deux forme un produit de soudure à froid qui chauffe vachement, pour l'anecdote. Il suffit de faire couler ce produit dans une rigole tout autour du cercueil, dans laquelle on a enfilé le couvercle.
Ledit couvercle est équipé d'un filtre épurateur d'air. Ce filtre est simplement une cartouche dans laquelle se trouve un réactif de charbon. La pression de l'air à l'intérieur et à l'extérieur du cercueil s'équilibre, et l'air qui transite dans ce filtre afin de compenser l'un ou l'autre est épuré par le réactif.
Article R. 2213-26
Le corps est placé dans un cercueil hermétique satisfaisant aux conditions fixées à l'article R. 2213-27 dans les cas ci-après
1° Si la personne était atteinte au moment du décès d'une des maladies contagieuses définies par arrêté du ministre chargé de la santé;
2° En cas de dépôt de corps soit à la résidence, soit dans un édifice cultuel, soit dans un dépositoire ou dans un caveau provisoire, pour une durée excédant six jours;
3° Dans tous les cas où le préfet le prescrit.

Article R. 2213-27
Les cercueils hermétiques doivent être en matériau biodégradable et répondre à des caractéristiques de composition, de résistance et d'étanchéité fixées par arrêté du ministre chargé de la santé après avis du Conseil supérieur d'hygiène publique de France et du Conseil national des opérations funéraires.
Ils doivent ne céder aucun liquide au milieu extérieur, contenir une matière absorbante et être munis d'un dispositif épurateur de gaz répondant à des caractéristiques de composition de débit et filtration fixées par arrêté du ministre chargé de la santé après avis du Conseil supérieur d'hygiène publique de France et du Conseil national des opérations funéraires.
Lorsque le défunt était atteint d'une maladie contagieuse, le corps est enveloppé dans un linceul imbibé d'une solution antiseptique.

c.hermetique
Des questions ? Non ? Bon, ben je propose qu'on passe à la partie marrante de l'article, l'anecdote.

Or donc, il arrive relativement souvent qu'un défunt se trouve placé dans un cercueil hermétique. Parfois, la nomenclature est quelque peu mise à mal par des croque morts dans l'urgence
Voici leur histoire.
C'était avant qu'on ne construise les grans funèrariums à la périphérie de cette ville côtière. Les corps reposaient dans les morgues des hôpitaux et aux domiciles, comme cela se faisait avant.
Et c'était donc à la morgue de l'hôpital que se trouvait le corps de Monsieur X, dont l'identité importe peu, disons seulement que Monsieur X était un ressortissant étranger victime d'un infarctus foudroyant, qui rentrait de vacances les pieds devant. C'était l'époque ou des gens passaient leurs vacances à Brest.
Et donc, afin de le rapatrier, dans la soute d'un avion, il fallait le placer dans un cercueil hermétique. Un fois le cercueil hermétique soudé, l'équipe devait placer le couvercle du cercueil en bois, sur lequel un officier de police apposerait les scellés.
Or, le destin avait affublé Monsieur X d'un appétit démesuré, et d'un tour de taille à propos. C'était la première chose qu'avait vue la petite équipe des pompes funèbres dépéchée sur place, il y avait Jean-Paul, Bernard, et Luc, un chef d'équipe-maître de cérémonies plus si loin que ça de la retraite, qui avait passé toute sa carrière dans les pompes.
Il faut que je vous parle de Luc. C'était à l'époque ou les pompes funèbres vivaient les derniers souffles du monopole, ou les groupes financiers n'avaient pas encore fait main basse sur ce secteur qui deviendrait plus tard une machine à fric, c'était l'époque ou les contrôleurs de gestions étaient de petits employés improductifs cantonnés à des bureaux minuscules et sans fenètre, le temps ou des mots comme "traditions" avaient encore du sens, et l'époque ou les croque-morts n'étaient stressés que par la mort.
Luc était l'homme le plus dénué de stress que la planète portait à cette époque. Il n'était pas calme, il n'en avait pas besoin, pas plus que de sang-froid, simplement, il était incapable de considérer quoi que ce soit comme grave. Et il fuyait les emmerdements. Et tout le temps de cerveau qu'il ne consacrait pas à s'inquiéter, il le mettait à profit pour trouver des solutions aux petites contrariétés qui ternissaient vagement son bonheur, ou à imaginer des moyens d'emmerder ceux qui lui criaient dessus. Les cris étaient facteurs de stress, et Luc ne comprenait pas leur utilité.
Mais ce jour la, Luc était, avec Jean-Paul et Bernard, devant un hic. Le ventre prohéminent de Monsieur X gênait la fermeture du cercueil. Ou, pour éttre exact, l'empêchait carrément.
Luc décida alors d'apeller Pierre, au bureau. Pierre était assistant, naturellement stressé, et pour l'instant, occupé à refaire la vitrine du magasin, sans se douter le moins du monde que les emmerdements s'insinuaient vers lui en se faufilant dans les câbles du téléphone.
C'était l'époque ou les téléphones étaient à cadrant. Mais on s'en fout.
Or donc, Luc appela Pierre, et la conversation qui suit s'ensuivit, elle est pas terrible, cette phrase, non ? "Pierre ? C'est Luc. Bon, l'hermétique, il ferme pas. Le monsieur, il est trop gros.
- Quoi ? Mais c'est une catastrophe, merde !
- T'enerves pas.
- Pas m'énerver ? Mais t'es fou, ou quoi ? Le transporteur va venir, on n'a pas de cercueil hermétique grande taille en stock, la police va débarquer pour les scellés, ils vont gueuler, t'imagines pas la merde ou on est.
- Bah, on va trouver une solution. Mais l'hermétique est trop petit, ça fermera pas.
- BEN T'AS INTERET A EN TROUVER UNE DE SOLUTION, ET VITE ! LES SCELLES DOIVENT ETRE POSES, TU TE DEMERDES" et Pierre raccrocha.
Luc regarda le combiné, en ressentit une pointe d'agacement, et se mit à réfléchir...
Une heure plus tard...
Le corbillard se stationna devant l'agence.
Luc, Bernard et Jean-Paul en descendirent. Ils entrèrent dans l'agence, se rendirent directement au bureau, et déclarérent avec un bel unisson : "Ca y est, le cercueil est au dépôt, prèt à partir.
- Les scellés sont posés ?
- Les scellés sont posés.
- Parfait ! Je savais que je pouvais compter sur vous. Merci !
- Attends, ajouta Luc, j'ai quelque chose pour toi." Il sortit, et revint un instant plus tard. Il tenait le couvercle du cercueil hermétique, qu'il posa l'air de rien contre le mur. Pierre était sans voix.
"Ben quoi ? Les scellés sont posés, je me suis demerdé. Oh, déjà cette heure la ? Je file, j'ai rendez vous. Kenavo, à lundi !"
requiem29@requiem29.com

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Croque-Morts Magazine

 

Les textes sont écrits tant bien que mal par Guillaume Bailly.

Les graphismes, illustrations et la déco du blog sont l'oeuvre de Manu Rayot.

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