élicitations à tous les participants à la clôture du jour.
Les parisiens sont quand même des gens marrants. Songez, hier, toute la journée, ils nous ont bassinés avec la tempête. La tempête par ci, la tempête par-la, et vas-y que je te cite Xynthia.
Mais si, rappelez vos, en Vendée, l’année dernière, l’arnaque du siècle : des tas de gens qui avaient construit leur maison la ou il fallait pas, et, quand ils ont compris pourquoi il fallait pas construire la, ils ont quand même trouvé le moyen d’aller pleurer dans les jupes de l’état. Mais si, l’état, tu sais bien : le type pour qui t’as pas voté, ou pire, pour qui tu as effectivement voté, et qui dépense l’argent du contribuable. Mais si, le contribuable, tu sais bien : toi.
Voilà comment toi, honnête travailleur, en rentrant de ton travail le soir, après avoir monté à pied les trois étages de ton immeuble, tu rentres dans ton petit appartement avec vue imprenable sur l’immeuble d’en face, tu allumes la télé, et tu apprends que tu vas payer la villa de plain-pied d’un richard Vendéen qui a graissé la patte de quelques élus locaux pour avoir une vue imprenable, lui, sur la mer.
Franchement, de quoi ils se plaignent ? Ils l’ont vue de près, la mer. Avec Xynthia, l’expression ‘’villa les pieds dans l’eau’’ n’est plus un vain mot.
Bon, revenons-en à nos moutons, à savoir la fameuse tempête d’hier. La presse se mobilise, les météorologistes, parents pauvres du journal télévisé, se retrouvent soudain en vedette, les gros titres, c’est eux, l’actualité brûlante, c’est eux, ah, si seulement il n’y avait pas eu Chirac pour leur gâcher le plaisir, ma pauvre dame. Les présentateurs météo à la une, disons, la une bis après Chirac, donc, et des envoyés spéciaux dans les régions.
En cas de tempête, il n’y a pas à dire, les envoyés spéciaux sont quand même de sacrés enfonceurs de portes ouvertes. Exemple avec celui-ci, qui interroge un pêcheur, à quai, à côté de son bateau.
« Vous allez partir en mer » demande le journaliste au gars qui le regarde, étonné de se voir poser cette question alors qu’il était occupé à arrimer solidement son bateau à quai. .
« Ben non » répond le pêcheur, de plus en plus surpris.
« Pourquoi ? » demande le journaliste, tandis que l’écume lui fouette le visage et le vent lui défait le brushing.
« Ben… Parce que je veux pas mourir » répond le pêcheur, avec un paradoxal bon sens terrien. Pour être exact, il a répondu que c’était dangereux. C’est pareil.
Ou encore celui-la, qui filme des promeneurs sur une jetée, en commentant « Des promeneurs inconscients se promènent sur la jetée malgré le danger, les vagues déjà énormes et les mises en garde des autorités ». Le fait que les gens soient filmés de face, et que l’eau sur l’objectif de la caméra indique que le caméraman lui-même se trouve sur la jetée ne semble pas lui poser de problèmes.
J’ai appris, ce matin, à la radio, que la tempête était passée. C’est pour ça que j’écoute toujours les actualités : pour voir ce que j’ai manqué. Il paraît que, chez moi, le vent a soufflé à 120 kilomètres par heure. Oui, et ? Si j’avais dû me terrer chez moi et prier Dieu à chaque fois qu’un coup de Zeph’ dépasse les cent kilomètres par heure, j’aurai plus vite fait de me faire hermite. 120 km/heure, c’est assez pour faire sécher du linge, dommage, il pleuvait, aussi, c’est franchement gâcher.
Dis donc, heureusement que les Bretons ont les journalistes parisiens pour leur dire que, quand le vent souffle du nord-ouest, il vaut mieux prévoir une petite laine et éviter de traîner au bord de la mer. On se demande comment ils ont fait pour vivre si longtemps avant que les savants de la capitale ne trouvent les moyens de porter des informations si cruciales aux terres reculées des provinces.
A force de réfléchir, j’ai compris ce qui se passait, la-bas.
Voyez-vous, les tempêtes arrivent de la mer. Chez nous, elles permettent de renouveler l’air. Elles aèrent le pays comme on ouvre une fenêtre pour aérer la maison, dans un mouvement pénétrant qui chasse l’atmosphère viciée. Le truc, c’est qu’elles s’enfoncent ensuite loin vers les terres, perdant de leur force, avant de s’éteindre complètement, poussant toujours l’oxygène usé. Généralement, une bonne tempête s’éteint dans le Bassin Parisien.
C’est ça, le souci des parisiens : toute l’année, finalement, ils respirent un air d’occasion.
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Dernière minute : un parisien en visite à Brest vient de décéder dans un accident idiot. Alors qu'il roulait sur la voie rapide, il s'est avisé qu'il y avait de la buée sur son pare-brise. Il a alors ouvert la fenêtre de sa voiture pour l'évacuer. Une petite averse avait lieu à ce moment la. L'homme est mort noyé.
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